La méthodologie quantitative se fera selon un plan de recherche transversal avec la passation de questionnaires déjà largement utilisés dans la littérature anglophone, et francophone pour les échelles mesurant le SAE général et l’engagement au travail. Les instruments de mesure ne comportent aucun risque pour la population enseignante : ils ne permettent pas de recueillir des données sur la santé, uniquement des données subjectives sur la perception de compétences professionnelles, l’état d’esprit et les intentions. Toutes les données seront anonymes (aucune donnée personnelle concernant une personne physique identifiée ou identifiable ne sera collectée) puisque aucun recoupement n’est nécessaire avec un plan transversal, respectant ainsi les conditions d’application de la Nouvelle loi sur la protection des données (nLPD) entrée en vigueur le 1er septembre 2023. En plus de certaines questions permettant de récolter des données sociodémographiques (âge, sexe) et socioprofessionnelles (p. ex., nombre d’années d’expérience, degré d’enseignement, nombre d’élèves en classe, nombre d’élèves ayant des BEP en classe), les enseignants seront invités à compléter cinq auto-questionnaires dont la passation devrait durer 15 minutes environ.
Le SAE sera mesuré à l’aide de la version francophone de la Teachers’ Sense of Efficacy Scale à 12 items (TSES12-f ; Valls et al., 2020) qui comprends trois dimensions : l’auto-efficacité perçue dans l’Engagement des élèves (4 items), au niveau des Stratégies d’enseignement (4 items) et de la Gestion de classe (4 items ; par exemple : « Dans quelle mesure vous sentez-vous capable de de calmer un élève perturbateur ou bruyant ? »). Fréquemment utilisée dans les recherches internationales en raison de sa facilité de complétion et faible sensibilité au contexte culturel (Valls & Bonvin, 2015), ses qualités psychométriques ont été démontrées dans plusieurs échantillons d’enseignants suisses romands (p. ex., Valls, 2019 ; Valls et al., 2020 ; Valls & Tardif, in press).
Le SAE-I sera mesuré à l’aide de la Teacher Efficacy for Inclusive Practices Scale (TEIP ; Sharma et al., 2012) préalablement traduite en langue française à la suite de l’obtention de l’accord des auteurs l’ayant développée. La TEIP est l’échelle la plus utilisée au niveau international pour mesurer le SAE-I des enseignants (Sharma et al., 2022) selon 18 items répartis en trois dimensions (Valls & Bonvin, 2015, p. 8) : auto-efficacité perçue à enseigner en utilisant des pratiques inclusives (6 items), à impliquer les parents et les autres professionnels (6 items) et à gérer les comportements perturbateurs (6 items) en contexte inclusif. Un exemple d’item est : « Je suis capable de fournir une explication alternative ou un autre exemple lorsque les élèves sont perdus ». Bien qu’elle ait fait l’objet de traductions dans plusieurs pays (e.g., Finlande, Grèce, Espagne, Afrique du Sud) dans des études ayant permis de montrer qu’elle était peu sensible au contexte culturel (e.g., Vogiatzi et al., 2022 ; Yada & Savolainen, 2017), aucune version française n’a été recensée à ce jour. Le caractère multidimensionnel de cette échelle répond parfaitement aux exigences de l’éducation à visée inclusive et permet d’évaluer chaque dimension indépendamment.
La perception de l’efficacité collective sera mesurée avec la Perceived Collective Teacher Efficacy Scale (PCTE ; Skaalvik & Skaalvik, 2007). Cette échelle, déjà traduite en langue française à la suite de l’obtention de l’accord des auteurs originaux quant à son utilisation, se compose de sept items (p. ex., « Dans cette école, nous sommes en mesure de créer un climat sécure et inclusif, même dans les classes les plus difficiles »). Conçue comme une mesure unidimensionnelle, tous les items portant « sur l’enseignement, la motivation, le contrôle du comportement des élèves, la réponse aux besoins des élèves et la création d’un environnement sûr » contribuent à appréhender la perception de l’efficacité collective (Skaalvik & Skaalvik, 2007, p. 618). Le choix de cette échelle a été motivé par sa conformité avec la conceptualisation de Bandura (Klassen et al., 2011 ; l'efficacité collective étant définie comme les jugements portés sur les capacités du groupe à accomplir une tâche spécifique), sa concision et une consistance interne satisfaisante (alpha de Cronbach de 0,79 ; Skaalvik & Skaalvik, 2007).
L’engagement au travail sera mesuré à l’aide de la version française à 9 items de l’Utrecht Work Engagement Scale (UWES-9 ; Zecca et al., 2015) évaluant cet état d’esprit positif selon trois dimensions : vigueur (3 items), dévouement (3 items) et absorption (3 items). Un exemple d’item est : « Je suis passionné(e) par mon travail ». Les qualités psychométriques de l’UWES ont pu être démontrées dans plusieurs pays et pour différentes catégories professionnelles, cette échelle présentant une structure similaire et cohérente dans les pays occidentaux ainsi qu’une consistance interne satisfaisante (Zecca et al., 2015).
L’intention de quitter la profession étant généralement mesurée à l’aide de trois items (p. ex., De Neve & Devos, 2017 ; Klassen & Chiu, 2011), nous avons décidé d’utiliser les trois items proposés par Skaalvik et Skaalvik (2011) évalués sur une échelle de Likert en 6-points (allant de 1 = complètement en désaccord à 6 = complètement d’accord), à savoir : “J’aimerais avoir un autre métier que celui d’enseignant” ; “Si je pouvais choisir à nouveau, je ne serais pas enseignant” ; et “Je pense souvent à quitter la profession d’enseignant”.